• omar ma tuerUn bon coup ? C'était malin de ressortir le dossier Omar Raddad, alors que tout le monde se souvient de cette affaire jamais élucidée dont l'injustice flagrante a marqué les esprits.
    Eh bien non ce film n'est pas un coup ! Il transpire la sincérité. 
    Roshdy Zem signe ici son 2ème film en tant que réalisateur et nous n'allons pas lui reprocher d'aborder des sujets qui lui tiennent à coeur. Qui mieux que lui aurait pu dépeindre l'abîme dans lequel se trouve Omar Raddad, dont l'intégration n'est pas complète en raison de ses difficultés à parler le français. 
     
    Omar Raddad, jardinier plus à l'aise avec les arbres qu'avec les gens, a des difficultés à s'exprimer et devient le coupable idéal. Accusé par cette fameuse phrase "Omar m'a tuer" probablement écrite par le véritable criminel, la justice française, pour des raisons qui restent encore mystérieuses, ne tentera jamais d'éclaircir la situation. Pourtant si je me souviens d'un documentaire de l'époque, il semblerait que la victime ait été très proche d'une secte à laquelle elle versait de l'argent.
    Malgré quelques maladresses au démarrage, dont certains plans très appuyés dans le but trop évident de nous apitoyer, nous sommes propulsés dans l'affaire de façon très réaliste et n'en sortons plus jusqu'à la fin.
     
    Saluons plus particulièrement la prestation de Sami Bouajila qui signe ici la plus belle interprétation de sa carrière cinématographique, pourtant riche. Il mérite d'office le César. Sami est méconnaissable, il est Omar Raddad. Il a su rendre hommage à l'homme, et par la même occasion à tous nos vieux immigrés arabes qui ont souffert dans leur dignité. Oui, il a su trouver un registre d'émotions folles, on ne voit plus l'acteur, on voit la souffrance à l'état brut, réelle, et dans toutes ses nuances.
    Il est allé chercher chaque émotion dans chaque situation, la ténacité presque auto-destructrice qui naît du refus de l'injustice, la souffrance du dénigrement comme s'il était atteint dans sa chair, et une autre souffrance, une fois libéré, qui aurait pu être ignorée par le narrateur. Le retour n'est pas simple. Revenir parmi les siens et demeurer l'étranger aux yeux de son fils qui l'appelle "monsieur" parce qu'il s'est absenté 10 ans lui est abominable. Et nous terminons, obnubilés par cette scène mémorable dans le bus, quand une fille le dévisage et il pleure alors qu'il se sent dévoré par le regard de l'autre, persuadé d'être à nouveau reconnu comme le "tueur". Il continuera de s'imaginer coupable aux yeux des gens tant qu'il ne sera pas disculpé officiellement.
     
    Après ce qu'il a subi, le regard de l'autre devient, dans son imaginaire, toujours accusateur. Comment vivre avec un regard qui nie notre propre identité ? Comment prouver qui nous sommes ? Pourquoi devoir prouver qui nous sommes ? C'est aussi la question de la place de l'immigré dans la société...
     
    Pour finir, le film est porté de bout en bout par Sami Bouajila et par une réalisation dont l'empathie et la connaissance de la culture arabe permet de comprendre parfaitement les situations humaines qui se jouent.
    Un petit conseil, apportez un mouchoir, vous n'êtes pas à l'abri de verser quelques larmes...
     
     
    Fiche :
     Date de sortie cinéma : 22 juin 2011 

    Réalisé par Roschdy Zem 
    Avec Sami BouajilaDenis PodalydèsMaurice Bénichouplus 

    Long-métrage français . Genre : Drame , Policier 
    Durée : 01h25min Année de production : 2010 
    Distributeur : Mars Distribution 

    Synopsis : Le 24 juin 1991, Ghislaine Marchal est retrouvée morte dans la cave de sa villa de Mougins. Des lettres de sang accusent : « Omar m’a tuer ». Quelques jours plus tard, Omar Raddad, son jardinier, est écroué à la prison de Grasse. Il parle peu, comprend mal le français, a la réputation d’être calme et sérieux. Dès lors, il est le coupable évident. Il n’en sortira que 7 ans plus tard, gracié, mais toujours coupable aux yeux de la justice. En 1994, révolté par le verdict, Pierre-Emmanuel Vaugrenard, écrivain convaincu de l’innocence d’Omar Raddad, s’installe à Nice pour mener sa propre enquête et rédiger un ouvrage sur l’affaire…

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