-
-
-
Par Leila7 le 11 Février 2018 à 11:52
Voilà du cinéma fait sans argent certes mais aussi sans conscience. Juste des gars qui veulent prendre leur grosses caméras pour faire comme les américains : des films de gangsters. La première scène c'est le début de Menace II society (des frères Hughes) puis la course poursuite sur un son électro c'est Drive de Nicolas Winding Refn, ensuite ça se voudrait être un peu Scorcese, un peu Audiard dans Un prophète... Le désir de faire du cinéma est là, l'énergie aussi, mais aucune mise en scène, aucun scénario, aucune proposition de sens, donc des réalisateurs complètement dépassés par ce qui surgit malgré eux dans cette histoire.
Dans ce film, je n'ai vu qu'un type qui s'embrouille avec sa meuf, puis qui s'embrouille avec les keufs, puis qui s'embrouille avec ses potes, puis qui s'embrouillent avec la petite mafia de son quartier. Mais toujours la même embrouille a base de "nique ta mère!" "casse toi!" "j'te baise!" mais sans jamais comprendre le fait particulier qui anime chaque conflit.
Le pire c'est qu'il y a une sorte d'implicite, d'intrigue non dite, comme si le spectateur devait forcement comprendre que tout le monde s'embrouille pour du trafic de drogue. Parce que les trafics de drogue c'est forcement en banlieue, et forcement mené par des arabes (FGKO croyant malheureusement que parce que Scorcese montre la mafia italienne en 1986 aux USA dans Les Affranchis, on peut en France dans en 2018 montrer que les mafieux c'est les arabes!). On sait aujourd'hui que le trafic de drogue en France c'est 200 000 personnes qui génèrent plus d'un milliard de chiffre d'affaire par an, ça aurait été plus intéressant de montrer que la France a aussi des français impliqués dans ces réseaux. La trilogie de clips du groupe de rap PNL, qui met en scène le trafic de drogue dans les cités (façon cinéma de genre aussi) est autrement plus intéressante par le métissage des personnages en présence.
Finalement nous avons ici l'histoire d'un pauvre type complètement aliéné qui vit de manière pulsionnelle a chaque instant : une meuf passe il veut la violer, un boss lui dit de tuer quelqu'un il y va, son ex sort avec un nouveau gars il le menace, son enfant est quasi à l'abandon il s'en occupe avec tendresse. Un sorte d'être passif et volatile comme le vent, qui fait exactement ce qu'on attend de lui dans chaque situation, sans aucune réflexion personnelle, sans aucun caractère sauf de marquer le coup chaque fois avec un "nique ta mère" (le pendant du fuck à l'américaine).
Mais là encore l'absence de point de vu sur ce personnage, qui est à la fois stupide et gentil, place encore en fois le spectateur dans un consensus mou qui est de ne pas pouvoir se positionner et de finalement d'aimer ce type par charité, pauvre victime passive d'un destin déterminé par les autres pour lui.
C'est un film dans l'air du temps : un fil d'informations sans cohérence, une absence de discernement de valeurs, une absence de conscience politique, de la forme et des postures sans prendre la peine de construire un propos, et croire que le misérabilisme fait humanisme...bref, un film nihiliste.
Fiche technique :
- Titre : Voyoucratie
- Réalisation : Fabrice Garçon
Kévin Ossona - Scénario : Fabrice Garçon
Kévin Ossona - Photographie : Blaise Basdevant
- Montage : Fanny Dewulf
- Costumes : Sabine Cayet
- Décors :
- Musique : Kenma Shindo, DJ Bellek, Ateph Elidja, Donovans
- Producteur : Fabrice Faure, Camille Courau
- Production : LIP Productions, FGKOFilms et Afiavi
- Distribution : La Vingt-Cinquième Heure
- Pays d’origine : France
- Genre : Thriller
- Durée : 84 minutes
- Dates de sortie : 31 janvier 2018
Distribution
- Salim Kechiouche : Sam
- Abel Jafri : Abbas
- Hichem Yacoubi : Karim
- Jo Prestia : Chef de police
- Azedine Kasri : Rachid
- Hedi Bouchenafa : Hedi
- Pierre Abbou : Ali
- Adrien Vannec : le gamin
- Ange Basterga : policier
- Noël Sorrente : un criminel
votre commentaire -
-
Par Leila7 le 28 Décembre 2017 à 16:25
J'ADORE
C'est un film bouleversant comme seul Cassavetes sait les réaliser. Ce monde d'adultes égarés à ne plus savoir où donner de leur énergie, en quête d'amour sentimental ou de jouissance physique, et dans les deux cas jamais proches d'eux-mêmes mais toujours décentrés, aliénés jusqu'à finir par se maltraiter eux-même sans pitié. Tout en maltraitant les autres au passage et surtout les enfants qui subissent ces pères et ses mères délirants et sans repères. Délirants aussi parce qu'humains, trop humains, à vouloir vivre avec toujours plus d'intensité, à croire que la vie devrait être plus exaltante qu'elle ne l'est. C'est naturel ! Mais ces adultes ne font finalement que sur-vivre à un quotidien qui les insatisfait à chaque instant. Un quotidien haï, une réalité rejetée qui mène à la domination de l'imaginaire populaire, pour le meilleur et surtout pour le pire... C'est infiniment triste, c'est sublime, c'est plus que du cinéma, c'est la vérité sur l'homme contemporain en quête de sens.
Immense Gena Rowlands qui ne craint pas de déformer son visage crispé, agité par le conflit intérieur qui l'habite sans répit . Au bord de la psychose, elle continue de courir après sa famille perdue, sans jamais lâcher prise dans sa foi en l'amour qui telle une force toute puissante saurait réparer les vivants... C'est aussi cela la psychose, absolument pas une monstruosité, mais une hyper humanité, une hyper sensibilité, une hyper gentillesse sans défense, une hyper déception devant nos défaillances humaines.
John Cassavetes, himself, dans ce rôle de romancier célèbre qui court après la question "qu'est-ce qu'un bon moment ?". Qui fait boire de la bière à son enfant pour le petit déjeuner, sans même penser à le nourrir jusqu'au soir, tant il est obsédé par les distractions qu'il doit trouver avant la nuit... Ou quand l'intelligence littéraire n'est pas salutaire.
Il cherche la lumière là où elle est trop facile à trouver sans pouvoir venir en aide à sa soeur en détresse. Il ne prend jamais le temps de l'écouter, ni d'échanger avec elle, il fuit la vérité de ce qu'elle est devenue... de ce que lui-même est devenu.
Il y aurait tant à dire sur ce film... Quelle liberté de mise en scène ! Quelle humanité ! Quelle cruauté ! Quelles interprétations magistrales ! Cependant je ne peux rien en dire de plus, qu'inviter tout un chacun à regarder ce grand film avec une véritable attention.
Fiche technique
- Titre : Love Streams ou Torrents d'amour
- Titre original : Love Streams
- Réalisation : John Cassavetes
- Scénario : John Cassavetes d'après la pièce éponyme de Ted Allan
- Production : Menahem Golan et Yoram Globus
- Société de production : Cannon Films
- Musique : Bo Harwood (en)
- Photographie : Al Ruban
- Montage : George C. Villaseñor
- Décors : Phedon Papamichael
- Costumes : Emily Draper et Jennifer Smith-Ashley
- Pays d'origine : États-Unis
- Format : Couleurs - Mono - 35 mm
- Genre : Drame
- Durée : 141 minutes
- Date de sortie : 24 août 1984
Distribution
- Gena Rowlands : Sarah Lawson
- John Cassavetes : Robert Harmon
- Diahnne Abbott : Susan
- Seymour Cassel : Jack Lawson
- Margaret Abbott : Margarita
- Jakob Shaw : Albie Swanson
- Eddy Donno : Stepfather Swanson
- Joan Foley : le juge Dunbar
- Al Ruban : Milton Kravitz
- Tom Badal : Sam, l'avocat
votre commentaire
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique