• Mommy - Xavier Dolan (2014)

    Le cinquième film de Dolan "Mommy" méritait sans doute la Palme d'Or à Cannes 2014. Même si cet insolent prodige du cinéma quebecquois agace plus d'un critique par son rapport au cinéma comparable à un rappeur dans l'égotrip. Je pense que si l'on écarte la caricature du jeune gay obsédé par sa mère, et que l'on regarde son oeuvre au delà de ce que peut représenter le jeune homme, force est de constater que nous avons affaire à un cinéma poétique, singulier et politique.

     

                               Poétique. Parce que c'est une jolie idée de mise en scène de partir d'un adolescent hyperactif aussi violent que passionément aimant, pour nous montrer à quel point nous pourrions vivre avec plus d'intensité et de joie. Certe l'homme social doit canaliser son aggressivité pour le bien être de la société, mais soyons vigilant quant au prix à payer en terme de liberté et de gôut de vivre.  Notre domestication à l'extrême, courante dans la majorité des sociétés modernes, risque de faire de nous des êtres sans reliefs, sans coeur, et sans passion.

     

    Dolan a choisi le format carré qui me fait penser aux photos de famille que l'on regarde avec tendresse. Et qui finalement est un cadre qui est ajusté à l'Homme debout. J'y vois deux significations : La première étant que quelque soit la misère matérielle d'un individu, il est regardé par Dolan dans sa dignité d'être humain avec ce cadre qui lui restitue sa grandeur. Et aussi qu'il n'y a de bonheur possible qu'avec nos proches, les êtres auxquels nous sommes attachés, c'est à dire ceux qu'on aime regarder en photos.

     

    C'est la force de la scène où la mère, le fils et la voisine dansent dans la cuisine sur du Celine Dion. Je pense que Dolan souhaite nous rappeler qu'on s'en fout du bon goût de la musique, qu'on s'en fout de manger des pâtes trop cuites, qu'on s'en fout d'être riche ou pauvre, car ce qui fait qu'on peut partager des moments de joie intense et se sentir vivants, c'est d'avoir un espace dans lequel s'exprimer avec liberté tout en étant acceuillit par les siens.

                                       

                                     Singulier. Parce que Dolan explore dans son cinéma  la question de l'attachement qui dépend souvent du rapport à notre mère, certes ;  mais surtout il nous invite à être libre de nos attachements qui peuvent être protéiformes et pas forcement fondés sur l'amour romantique, le désir charnel, ou l'envie d'une famille.  Ici il y a un lien profond qui se tisse entre deux femmes qui sont a priori de simples voisines. Elles aiment être ensemble sans justification particulière, mais comme le dira Diane "Ne crois pas que ce n'est pas important pour moi". Cette relation d'amitié semble plus riche et profonde que la relation qu'elles entretiennent avec les pères de leur enfant repsectif.  Et la séparation entre ces deux femmes  sera déchirante comme un rappel du sentiment d'abandon orginel. Ainsi Dolan nous invite à reconnaitre l'amour partout où il se présente, et justement pas là où on nous enjoint de l'attendre.

     

    C'était déjà le cas dans "Tom à la ferme", quand le frère du defunt et l'ex-petit ami de ce dernier se lient étrangement autour du fait qu'ils représentent chacun à leur manière une mémoire de l'être aimé qui est mort. Rien d'autre ne semble fonder la dépendance qu'ils éprouvent l'un vers l'autre. Puisqu'il n'y a a priori aucune affinité entre ce campagnard brutal et homophobe et ce bobo gay urbain qui bosse dans une agence de pub.

     

    Ainsi Dolan nous enjoint à aimer oui pour le meilleur et pour le pire, mais qui l'on veut, à sa manière, et sans schéma préconçu ! Comme le philosophe Kierkegaard soulignait que plaider l'amour le discédite toujours.

     

    Dans Mommy le contraste est plus dans les caractères. Diane, mère célibataire et précaire, est complètement extravertie, drôle et bavarde au possible. Quand Keyla, la voisine, a fondée une famille classique avec un mari informaticien, mais elle est begue et s'exprime avec difficulté. Pourtant c'est au milieu de cette mère et de ce fils suréxcité que Keyla va retrouver sa joie de vivre et du sens à son quotidien. Quand elle s'oppose avec colère au débordement du gamin on se demande si elle n'a pas été, elle aussi, plus jeune une enfant bipolaire qui a force de se polisser pour convenir aux autres a fini par inhiber sa parole ?

     

                                 Politique. Parce que Dolan sublime la représentation des gens de condition modeste qu'ils nous montrent comme des héros des temps modernes. Héroïne, parce cette mère célibataire et précaire ne se laisse pas dévaloriser par cette condition fragile : elle garde sa fantaisie (son look kitch est totalement assumé et joyeux), son humour (donc un recul sur ce qu'elle représente pour les gens qui craignent sa condition), et son espoir - l'essentiel - puisque c'est le sentiment qui unit une foi en soi et en la vie.

     

    Fiche :

     

    Date de sortie 8 octobre 2014 (2h18min
    Réalisé par Xavier Dolan
    Avec Antoine-Olivier PilonAnne DorvalSuzanne Clément plus
    Genre Drame
    Nationalité Canadien
    Date de sortie 8 octobre 2014 (2h18min
    Réalisé par Xavier Dolan
    Avec Antoine-Olivier PilonAnne DorvalSuzanne Clément plus
    Genre Drame
    Nationalité Canadien
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