• Conte de la nuit vague après la pluie - Kenji Mizoguchi (1953)

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    Conte de la nuit vague après la pluie - Kenji Mizoguchi (1953) Ce film est inspiré de deux contes d'Ueda Akinari, célèbre auteur japonais du 18e siècle : La Maison dans les roseaux et L’Impure Passion d’un serpent. Ce sont des histoires de fantômes. 

     

    Le film de Mizoguchi se déroule dans le Japon du 16e siècle, avec une caméra qui sait se faire réaliste - même historique parfois avec cette monstration de soldats affamés par exemple -  jusqu’à ce qu’elle bascule soudainement dans le surnaturel, dans l'irréel de ce moment où le personnage principal du film (le potier) rencontre un fantôme.

     

    Le potier est un humble villageois qui travaille la terre avec du feu pour faire des coupes, des assiettes et autres vaisselles. Constamment affairé avec sa femme autour de son four où cuisent les poteries, il fabrique des objets utiles, domestiques. Sauf qu’il aimerait tirer plus de bénéfices de son savoir-faire en allant vers la ville pour faire fortune ; à moins que ce qui l’attire vers la grande ville ce soit l’idée de passer du statut d’artisan au statut d’artiste. Dans la maison aristocratique sa simple coupe de céramique devient une oeuvre d’art. Le potier représente l’artiste qui poursuit son rêve d’idéalisation. Quand sa poterie n’est plus seulement utile mais est appréciée pour sa beauté. C’est ce désir intérieur qui le pousse à conquérir d’autres territoires et à quitter son village. 

     

    Dans sa course vers le beau, le potier doit délaisser sa femme réelle qui est trop simple pour vétir un luxueux kimono. Une scène du film montre le potier qui admire des kimonos dans un magasin tout en sachant qu’une autre femme, plus belle, plus idéale pourrait le vêtir. C’est alors qu’apparait cette femme aristocrate d’une grande beauté. C’est une sorte de déesse à qui tout geste de quotidienneté est absolument interdit : elle joue, elle chante, elle danse… Et Mizoguchi la met en scène avec un maquillage très appuyé. Elle est très artificielle. Sa beauté n’est que pur apparât, pur extériorité. Elle n’a aucune réalité intérieure. Elle est immatérielle comme un fantôme. Ce fantome est le désir d’idéal du potier qui l’oblige à tourner le dos à sa paysane de femme. Sauf qu’il est difficile de croire que cette femme riche et belle aime cet humble potier. C’est cette relation incroyable qui nous plonge dans le sentiment d’étrangeté, dans un monde fantomatique. 

     

    Sauf qu’après avoir épuisé les plaisirs explicitement érotiques dans ce film de Mizogushi, le potier se prend a rêver de retrouvailles avec sa femme. Il se souvient quand tant de fois il s’endormait bercer par le bruit de sa femme encore au travail autour du four. Il se rend compte que c’est cette femme réelle qu’il aime, et qu’après ce moment d’exil, son désir est de rentré dans son vilage pour retrouver son humble vie de potier. La terre est pour Mizoguchi est un élément qui réunit les forces vives de la vie, du réel et du sens commun. 

     

    Pour conclure, Mizogushi a montré dans ce film des phénomènes inconsicents, qui à cette époque au Japon n’avait pas d’objectivité possible dans la réalité. Un simple potier de village qui rêve d’épouser une belle aristocrate est un désir qui relève du fantasme. Désir inconscient caché au individu eux-même, qui ne peut se négocier socialement qu’à l’insu même des protagonistes. 

     

     

     

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  • Commentaires

    1
    Bobbie
    Vendredi 28 Juillet 2023 à 23:58

    Laissez les petites joies rendre chaque jour agréable, et les journées agréables contribuent à une vie heureuse ! Et notre vie sera meilleure grâce https://frenchstream.pics au film...

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