• La mule - Clint Eastwood (2019)

    J'AIME BIEN

    La mule - Clint Eastwood (2019)C'est émouvant de voir Clint Eastwood, cet acteur mythique qui a participé a l'écriture de l'Histoire du cinéma du XX ème siècle  : superbe Inspecteur Harry, sublime dans Le Bon, la Brute et le Truant  et autres westerns, etc... se montrer humblement amaigri et fragilisé par la vieillesse dans ce film La Mule. Ce visage moins beau et ce corps moins robuste à 88 ans s'offre encore à l'art cinématographique, pour preuve de sa passion totale pour son métier d'acteur et de réalisateur. Son allure est diminuée certes mais sans rien perdre de son charisme et de sa grandeur d'âme !

    Ici M. Eastwood nous livre sa répulsion du monde virtuel dans lequel le XXIème siècle nous a plongé. Et cette digitalisation du commerce qui tue a petit feu les activités manuelles locales, les lieux de rencontres collectives, c'est à dire les liens réels entre les individus. Modeste cultivateur passionné de fleurs (comme il a cultivé le cinéma) il doit fermer boutique devant un grossiste en ligne qui importe ces fleurs d'on ne sait où à moindre prix. Il doit alors se laisser embaucher par la mafia mexicaine pour transporter de la drogue sur le territoire américain.

    D'un côté, bien évidement qu'Eastwood garde son discernement moral pour montrer que le monde de la mafia est un monde sans foi ni loi, qui n'est fondé sur aucune justice mais sur une loi du plus fort qui est aussi la loi du plus traitre. Car dominer un jour, c'est pouvoir être assassiner aussi vite un autre jour. C'est un monde de luxure qui est bâtit sur la morts des autres, et qui n'a rien de très valable a apporter à un homme en construction. 

    Et pourtant, la position moins évidente et plus courageuse qu'il prend dans son film, c'est l'idée qu'a choisir entre le néant des relations sur Internet et la fréquentation des hommes du côté du mal, il est préférable de rester du côté de l'humain avec tout le tragique que cela peut impliquer. Car après avoir fait la mule pendant plus de dix trajets avec des mafieux mexicains, le vieux héros du film va réussir à établir des relations amicales avec certains d'entre eux. Il montre qu'ils chantent ensemble sur un même morceau de musique en conduisant leur voiture, qu'ils parlent ensemble quand ils s'inquiètent pour leur famille, et qu'il est possible de jouer de son influence pour aider les plus jeunes à choisir un autre voie. Son passage éphémère dans ce microcosme du crime, qu'il a choisi par dépit, reste une expérience humaine valable et c'est aussi pourquoi il l'assume en se déclarant coupable devant le juge à la fin du film. 

    Eastwood annonce par ce film presque testamentaire ce qu'il va advenir de la génération internet : elle sera dévitalisée par son absence de contacte avec la matière réelle du monde (mettre les mains dans la terre, admirer de vraies fleurs...) et par son manque de lien à l'autre. Il ne lui restera plus qu'à passer du côté du crime pour retrouver le vigoureux sentiment d'être vivant, puisque la seule issue "main stream web" est devenue mortifère !

     

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