• Voyage en Italie - Roberto Rossellini (1954)

    Un peu ennuyeux dans le premier tiers du film de voir ce couple qui parti en voyage se rend compte qu'ils ne savent pas passer leur temps ensemble. Ils ne se comprennent pas et chacun est retranché dans ses rancœurs et sa fierté.

     

    Mais c'est sans doute, pour Rosselini qui est passé au néoréalisme des âmes, une manière de nous dépeindre la monotonie d'un couple qui ne partage rien. Alex a quitté son travail pour cette ville de Naples parce qu'il souhaite vendre une maison qu'il a reçu en héritage, et elle passe le temps en faisant des visites culturelles de plus en plus lugubres : le musée, les marécages volcaniques, les ruines de guerre, les catacombes.

     

    Si dans la première partie j'y ai vu l'inspiration des films de la Nouvelle Vague française tel quel le "Le Mépris" de Godard, auxquels je ne suis pas très sensible en général parce que j'y vois des sensibleries bourgeoises. La seconde partie du film "Voyage en Italie" prend un autre rythme et trouve une vitalité qui m'a beaucoup ému.

     

    Puis je dois avoué que même si je suis loin de ressembler à ce couple d'italiens, mes disputes avec mon compagnon sont très semblables à celles du film, et en vacances quand il m'agace, je fuis sa présence en partant tôt le matin visiter tout ce que je peux voir dans la ville, comme Katherine dans le film... Et je sais que c'est souvent la fierté, et l'idée de se croire faible d'aimer qui divise. A la fin, quand elle lui demande "dis-moi que tu m'aimes", Alex répond "tu n'en profitera pas ?", et parce qu'elle le rassure sur ce point , il peut  enfin exprimer son amour.

     

    J'aime beaucoup cette idée d'avoir mis les protagonistes dans cette ville de Naples où les habitants ne cessent d'être renvoyer à leur indolence, leur fainéantise et leur oisiveté. Mais c'est justement cela qui ralenti le couple d'Alex et Katherine qui chez eux, toujours affairés dans leur quotidien, n'avaient jamais le temps de se regarder en face ni d'écouter leur malaise sentimental.

     

    Katherine observe qu'il y a beaucoup de femmes enceintes dans cette ville, car la détente des habitants est source de vie. Alors que ce couple sans enfant qui ne cesse de se disputer marchent dans les ruines de l'après guerre, entre des trons d'arbres coupés, signe qu'aucune vitalité ne circule entre eux deux.

     

    On peut aussi noter les fréquentes représentations  des marécages volcaniques, où le feu associé à l'eau stagnante ne présage rien de bon. Et peut être associé à l’énergie de la colère dans ce couple statique. La frustration sexuelle - pas de mouvements entre eux - provoque les disputes du matin, ce qui nécessite une certaine force d'expression mais mal alimentée.

     

    En voyage le face à face est inévitable, ils doivent l'affronter, mais parce que cela les bouscule il ne savent pas s'y prendre et leur rivalité maladroite va forcément les amener à prendre brutalement la décision de divorcer. Alors quand arrive ce qu'ils redoutent le plus, la séparation - associé à la mise en scène d'une drôle de découverte archéologique d'un homme et une femme frappés par la mort ensemble - on sent que quelque chose peut enfin se libérer. Imaginer la fin, la mort de la relation, la mort de soi-même à venir ouvre finalement des perspectives de vie.

     

    La scène finale est splendide. Ce couple dans leur voiture sur le chemin du retour, est bloqué encore une fois par les habitants de la ville en pleine procession religieuse. Les enfants sont au centre de la cérémonie. Eux parlent de leur divorce plus facile du fait de ne pas avoir eu d'enfant. Katherine émue sort de la voiture, elle est entrainée malgré elle par la foule (comme contaminée par la vitalité du monde qui l'entoure), elle cri "Alex" qui s'éloigne de plus en plus, puis il la rattrape, et dans l'effort et la spontanéité du moment de leur retrouvaille ils ne peuvent que se dire la vérité : à savoir qu'ils s'aiment et ne désirent pas se séparer.

     

    Fiche :

    D'après un roman de Colette

    Scénario de Vitaliano Brancati , Roberto Rossellini , Antonio Pietrangeli (uncredited)

    Réalisé par Roberto Rossellini

    Produit par :

    Adolfo Fossataro ... 
    Alfredo Guarini ... (uncredited)
    Roberto Rossellini ... (uncredited)

    Avec

     IMDB : http://www.imdb.com/title/tt0046511

     

    Partager via Gmail

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :